top of page

Send In the Clowns / Laisse-moi rire

“Where are the clowns? Quick, send in the clowns. Don’t bother, they’re here”/« Où sont les clowns ? Vite, faites entrer les clowns. Et puis non, après tout, ils sont déjà entrés » : ces clowns que l’on appelle, ce sont la gaieté, la légèreté auxquelles on aspire dans une ambiance étouffante ; ces clowns déjà entrés, c’est le visage souriant que l’on veut donner malgré l’inquiétude qui mine, c’est la grimace que l’on fait quand on se rend compte qu’on s’est mépris sur certaines choses et qu’on se voit évoluer soudain dans un décor de carton-pâte. Ne dit-on pas que le clown est triste ? 

 

Je n’arrivais pas à redonner à la chanson en français sa beauté elliptique tout en préservant la métaphore des clowns. “Send in the clowns” est devenu « laisse-moi rire », cette phrase qu’on lâche devant ce qui a un goût amer, qui exaspère, qui paraît insensé, avec quoi l’on se débat – encore ici, masque souriant posé sur une douleur, sur un inconfort. En français, la situation évoquée reste la même : une femme – mais ce peut être un homme, aussi bien – a voulu croire à une réciprocité amoureuse, à un engagement commun, mais il lui paraît impossible de ne pas voir que l’autre ne suit pas, ne veut pas au fond la même chose que soi ; à ce regard lucide s’oppose une volonté forte de résister à l’envahissement de la tristesse, de ne pas craquer devant l’autre, de rester digne, de faire semblant. J’ai imaginé d’autres reproches amoureux, d’autres questions franches, douloureuses adressées au partenaire de vie, part de réinvention qui m’a été nécessaire afin d’épouser au mieux, en français, une tension permanente entre constat lucide et volonté de garder la tête haute, qui est pour moi le cœur inquiet de cette chanson.

Send In the Clowns

Written by 

Stephen Sondheim

Isn’it rich? / Are we a pair? / Me here at last on the ground, you in mid-air / Send in the clowns

​

Isn’t it bliss? / Don’t you approve? / One who keeps tearing around, one who can’t move / Where are the clowns? / Send in the clowns

 

Just when I‘d stopped opening doors / Finally knowing the one that I wanted was yours / Making my entrance again with my usual flair / Sure of my lines / No one is there

 

Don’t you love farce? / My fault, I fear / I thought that you’d want what I want / Sorry, my dear! / But where are the clowns / Quick, send in the clowns / Don’t bother, they’re here

 

Isn’t it rich? / Isn’t it queer? / Losing my timing this late / In my career / And where are the clowns? / There ought to be clowns / Well, maybe next year

Laisse-moi rire

French kiss by 

François Godin

On s’est choisis / On s’est voulus / Et toi encore pour un rien, tu ne sais plus ? / Laisse-moi rire

​

Et quel besoin / As-tu de dire / Que tu me tires vers le bas, à moi de fuir ? / N’importe quoi / Laisse-moi rire

 

Et quoi encore ? / L’idée du couple ! / Un mot que tu ne peux dire qu’en haussant les épaules / Comme si d’aucune manière tu n’étais concerné / Mais fais le compte / De nos années

 

Tu ne t’aimes pas / J’en paie le prix / ll faut être bête pour t’aimer ? / Ah bon ? Merci ! / C’est très délicat / Ah, et puis, il n’y a / Qu’à hurler de rire

 

Tu aimes bien / Me faire bondir / Et moi, je marche chaque fois / J’ai beau me dire / « Tu ne m’auras pas » / Au mieux, je m’en tire / En hurlant de rire

Let Me Laugh

Translation of the 

French adaptation

We chose each other / We wanted each other / And you again for nothing, you don't know anymore? / Let me laugh

 

And what / Makes you say / That you are pulling me down, it’s up to me to flee? / Nonsense / Let me laugh

 

And what else? / The idea of being a couple! / A word that you can’t say without shrugging your shoulders / As if it didn’t concern you in any way / But count the years / That we have been together

 

You don't love yourself / I pay the price / Does one have to be stupid to love you? / Really? Oh, thanks! / So delicate of you / But, ah, what else can I do / But howl with laughter

 

You like to / Make me go off my hinges / And I get fooled every time / No matter how much I tell myself / “You won't get me” / At best, I get away / By howling with laughter

Les maquettes voix/piano des versions françaises ont été enregistrées à de strictes fins de présentation de mon travail d'adaptation. Aucune diffusion ou partage public sur les réseaux sociaux ou quelque plateforme que ce soit n’en est autorisé.

 

Tout enregistrement ou présentation publique par des tiers des chansons dans leur version française sont soumis à mon autorisation ainsi qu’à celle des ayants droit de la chanson originale.​

bottom of page